LE CORRIDOR

art contemporain

Michel Rey

BIOGRAPHIE

Photographe plasticien
Ingénieur
Vit et travaille à Arles.

MÉMOIRE DE FËTE

Ce qui frappe dans la série photographique mémoire de fête, c’est la tension, entre l’esthétique kitsch des baraques foraines, de couleurs vives voire criardes, aux enseignes accrocheuses, et la construction frontale et rigoureuse de leur représentation. Ces baraques à l’esthétique naïve et modeste voient leur beauté plastique dévoilée par des prises de vue au petit jour, devantures fermées sans aucune présence humaine, et par un travail d’effacement de tout élément parasite. Soustraction du réel qui rend visible les lignes de force de leur arrière-plan et de leur socle. Le connaissable, l’habituel est détourné pour opérer une métamorphose poétique et onirique, métaphore d’un monde précaire, annonce nostalgique d’un avenir incertain.

Annick Rey, 2025

HANTISE

Tentative, par l’image de bouteilles plastiques déformées et peintes à la cendre, de rendre visible les spectres et la hantise de notre consommation insolente, surabondante, non vitale. Apparitions charnelles de notre consumérisme, ces spectres non pas extérieurs à nous mais totalement intégrés en nous proviennent de notre vision d’un futur messianique qui s’estompe lentement pour laisser place à un futur déchu, sans humanité, sans fin.

Ces bouteilles déformées s’apparentent à des formes tremblantes, innommables, immaîtrisables, anachroniques, muettes et nous délivrent l’injonction de payer le prix de nos utopies. Ces images spectrales, porteuses d’héritages avec lesquels il faut s’expliquer, deviennent les lieux qui laissent une place vide en mémoire de l’espérance.

L’image spectrale des bouteilles cendrées nous regarde, nous interroge, nous interpelle. Sans pouvoir croiser son regard, nous nous sentons vus, surveillés. Ni vivante, ni morte, ni présente, ni absente, elle a sur nous le droit de regard, sans réciprocité.

Les bouteilles survivent en ligne solitaires, groupées ou accumulées en tas. Elles induisent une attente, une promesse qui ne survient jamais mais fascine, attire, oblige, déstabilise.

Comment se débarrasser de cette trace archive, l’exorciser, la chasser une seconde fois, voire en faire le deuil à jamais.

Michel Rey, 2023

REGARD SINGULIER, DÉMARCHE OBSESSIONNELLE

Ma formation d’ingénieur et de physicien m’invite à interroger, mettre en tension l’équilibre, la pesanteur, l’inertie, la stabilité des objets et la dérision de ces états éphémères, à figer leur instabilité et préfigurer leur futur à travers le médium photographique.

L’enjeu de ce travail intitulé Métastable n’est pas de reproduire le visible par une description objective des objets mais de saisir avec le médium photographique la façon dont ils s’animent et s’engagent dans le réel. Il s’agit de singulariser le regard porté sur l’objet et de rendre visible ce qui est latent.

Je tente de reconstruire les perturbations, les déformations vivantes et continues des lois de la nature, de la vie : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme en un équilibre métastable et éphémère.

Dans ce processus de construction, j’abonde « l’obsessionalité de l’arrangement » tel qu’énoncé par Michel Frizot, néanmoins, je ne photographie pas pour m’échapper du réel mais pour fabriquer les images de mon imaginaire.

Extrait du texte « Métastable » de Michel Rey, 2020.

EXPOSITIONS COLLECTIVES ET SOLO (SÉLECTION)

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